Just... Try to sing a song... A hope song... [PV Theodore]

- Merci, j’aimerai bien en croiser plus comme vous… Qui n’ont pas peur de cela…

Alors qu’il semblait émerveillé, j’ai touché l’arbre derrière moi et les feuilles se sont recouvertes d’une fine pellicule de glace qui étincelèrent de mille feux malgré la faible luminosité. Il semblait émerveillé parce que j’étais capable de faire avec mes dons. Il semblait également apprécier la bière autrichienne et il se détendait à vue d’œil. Son aura semblait moins excitée. La chaleur qu’il dégageait aussi. Oui, nous autre les vampires peuvent voir ce genre de choses, très utile pour chasser, mais terrible si une trop forte lumière apparaît en cet instant.

IL semble m’écouter avec beaucoup d’attention, c’est peut-être ça qui m’a fait parler sans m’arrêter. Il semblait se demander comment allait-il réussir à me connaitre vu la vie de fou que j’avais eu. Je souris tout en parlant, il n’avait pas à se faire de soucis, s’il aimait la lecture, j’avais mes journaux de voyages…. Dans certains il y a même des photos qui seraient excellentes pour plancher sur certains sujets historiques… Dans un autre, il y a mon portrait au fusain. Michael l’avait fait durant son errance à mes côtés en Virginie. Je souris à cette pensée, mais je suis sortie de ma rêverie sur les paroles de mon boss qui me firent sourire d’avantage.

- Oui, vous avez raison… Je carbure pas mal… Je n’ai pas besoin de me cacher de la lumière du jour comme le prétend le folklore. Mais au moins ça me permets d’être opérationnelle en permanence… C’est un genre de vie, mais j’en ai pris l’habitude, d’être constamment sur mes gardes…. Quant à la musique…. Attendez voir…

Je reprends ma guitare et je me rasseois un peu mieux sur la grosse racine pour être plus confortable… J’allume le téléphone et je le mets sur la bande son… Bon, facile quand on a un téléphone dernier cri qui a des amplis de barjo… Légèrement modifiés… Et je me mets à jouer dès que c’est à moi…



- I can see, When you stay low Nothing happens, Does it feel right? Late at night, Things I thought I'd put behind me, Haunt my mind… I just know there's no escape now, once it sets its eyes on you. But I won't run, Have to stare it in the eyes… Stand my ground, I won't give in… No more denying, I've gotta face it, won't close my eyes and hide the truth inside… If I don't make it, someone else will, Stand my ground…

IL semblait vraiment apprécier cet instant tous les deux. Le Workholic était capable de ressentis face à la beauté de la magie. Bien évidemment il y avait un côté sombre, mais j’espérais qu’il ne serait jamais confronté à un démon ou un être malfaisant, surtout si personne n’est là pour l’en préserver ou le défendre. Theo, je n’en doutais pas, savait se battre, je ne l’avais jamais vu à l’œuvre, mais j’en suis persuadée il savait, mais contre des gens améliorés ou utilisant des pouvoirs, il ne ferait pas le poids. Il semblait néanmoins dégoûté à la propre idée de boire du sang, cela se voyait sur son visage qu’il venait d’y penser et que l’idée lui déplaisait plus que grandement.

Ce qui me gênait énormément, c’était l’idée des gens sur mon compte. Vu ce que j’avais vécu, survécu, combattu, perdu… On pensait que j’étais invincible, mais non. J’étais las d’être invincible. Je voulais qu’on me protège qu’on prenne soin de moi… Qu’on m’aime tout simplement. Outre Michael, il n’y avait pas grand monde, mise à part aussi Alec, Dominik et Alex. C’est lorsque je me suis mise à jouer, que j’ai vu Theodore vraiment se détendre, il ferma les yeux et s’allongea sur le dos. J’espère que sa veste ne craint pas les tâches de terre et de pelouse ! Et je joue, simplement, tranquillement, mettant tout mon cœur et mon âme dans la musique. Il n’était pas loin, mais aussi si loin cet homme que j’avais aimé depuis si longtemps. Ce loup noir, solitaire…

Je termine la musique et j’éteins le système du portable. Je le regarde pendant un moment, j’ai l’impression qu’il n’était pas loin de s’endormir. Je souris doucement et je range en silence ma guitare. Je ne peux pas m’empêcher de ricaner silencieusement.

- Il aurait été dommage de refuser de rester ici, non ?

IL voulait que je lui parle de moi, il voulait savoir des choses sur moi, pourquoi ? Outre mes dons qu’avais-je de si intéressant ? Je souris doucement, c’est bien une des premières fois qu’une personne s’intéresse à ce que je suis au fond et non qu’à la surface.  Je souris un peu plus franchement quand je vois qu’il s’interroge s’il n’était pas allé trop loin. Mmmh ! Pourquoi pas ? Après tout vu qu’il sait ce que je suis, il aurait pu révéler à tous ce que je suis. Mais il ne l’avait pas fait. J’appréciais le fait qu’il gardait mon secret et cela montrait que je pouvais lui faire confiance.

- Très bien, on parlera de l’autre facette plus tard…

Fis-je alors que je m’installais à la place qu’il avait désigné. Il était gentleman à un point que je ne pensais pas retrouver dans cette société moderne. Il a tiré ma chaise.  Je n’avais pas tellement l’habitude, je l’ai remercié d’un signe de tête. Il me demanda de l’attendre le temps qu’il aille chercher les bières. J’appréciais vraiment sa compagnie… Et il a de ces yeux bleus… Ouah ! Il me rappelle les yeux verts de Kevin et les yeux « Œil de Tigre » de Michael… Au niveau de la beauté en tout cas. Un regard d’une profondeur sans nom. Un océan de bienveillance.  Il revient tranquillement, détendu, pas l’espèce de pile électrique de toute à l’heure !

- Ma vie sentimentale. Comment dire… Je n’ai eu qu’un seul grand amour… Le premier… Il y a plusieurs moultes années… Après il y a eu des compagnons, des flirts…  J’ai perdu un ami ange… Enfin perdu, il a disparu. Je n’ai jamais été mariée… J’ai été fiancée à mon premier amour, mais… Il est décédé en me protégeant… C’est assez complexe de ce côté-là… Je veux dire que je pensais qu’il était mort, mais ce n’est pas le cas… Mais je ne sais pas… Je n’ai pas tellement envie de reprendre notre idylle là où on l’avait laissé, j’ai envie de voir autre chose… Connaître autre chose…

Je souris, et je le regarde l’invitant à répondre à la même question. Eh oui mon cher commissaire, quand on pose des questions du genre faut s’attendre à ce qu’on les retourne ! Haha !

- C’est bien ce que je disais, un bourreau de travail… Je ne pense pas que c’est une question que vous n’ayez pas trop le temps pour la vie sentimentale, je pense plutôt que vous ne prenez pas le temps de tenter de vous poser et de réfléchir si vous voulez vraiment continuer à être seul pour le reste de vos jours à avoir votre travail pour simple compagne ou si vous voulez vous lancer dans la grande aventure de la vie à deux, et partager ce que vous avez à donner et reprendre une vie normale pas seulement articulé autour du boulot-métro-dodo et ainsi vivre qu’avec des regrets quand la fin de vie arrive… Croyez-moi, la solitude n’est pas une bonne compagne pour l’éternité…

Après 4 ans, il était obligé de connaître mon franc parlé renversant. Même si ce dernier était mon supérieur hiérarchique, je ne comptais pas le ménager. Pour moi la plus belle chose était de partager la vie, même humaine à deux. Alors vous pensez que l’éternité seule, c’est long… Mes yeux restent figés dans la douceur, cherchant les siens, il semble si soudainement gêné de ses paroles, je souris attendrie. Et hop il est de plus en plus embarrassé vu à quelle vitesse il s’empresse de reprendre son verre et d’en prendre une énorme goulée.

J’écoute attentivement ce qu’il dit sans pour autant le quitter des yeux, quel discours ! Je le sens soulagé mais encore plus stressé. Alors qu’il semblait quitter précipitamment la table prétextant le verre vide je le retiens au poignet.

- Pas si vite mon grand, ce n’est pas le moment de se sauver. Vous aurez tout le loisir de le faire quand j’aurai répondu à votre monologue…

J’attends quelques instants, de nouveau je fige mon regard dans le sien. Je souris doucement, je suis nullement choquée ni ennuyée. Au contraire, je préférais largement ce genre de franchise ! Il était si mignon, mais il en avait raté des choses… L’amour c’est tellement merveilleux, même si cela peut faire tellement mal. Mais on ne peut pas vivre sans l’avoir connu au moins une fois, c’était tellement indispensable à la vie. Comme le soleil est indispensable à la Lune.

- Théo… C’est bien ce que je pensais… Vous n’avez jamais laissé la chance de vous approcher plus que la simple relation de travail, car vous étiez tellement dedans que vous n’arriviez pas à voir autre chose que l’objectif fixé dans le milieu professionnel. La vie ne mérite pas d’être uniquement fixé sur le boulot, sur la carrière. J’en ai connu qui ont fait cette décision et qui quand ils ont frôlé la mort plus d’une fois, on reprit le temps de faire le point sur leur existence et ce qu’ils veulent vraiment… Personnellement j’ai trop perdu dans le passé pour dire que l’amour est un handicap, c’est la solitude le véritable handicap, et je pense que cela serait le moment opportun pour quelques temps, de faire le point sur ce que vous attendez réellement de la vie… Travailler comme un bagnard toute votre vie et ne jamais voir le sourire de l’être aimé, ou commencer à sortir de votre zone de confort, de votre travail plus souvent et accepter que les autres vous approchent autre part qu’au bureau ?

Je le relâche enfin. Non pas que je le tenais fort, mais je l’avais retenu légèrement pour qu’il accepte de m’écouter. Quoiqu’il en soit, je le laissais aller chercher sa chope en espérant qu’il allait réfléchir pendant le trajet.

Apparemment il avait capté ce que je lui ai dit, ce n’était pas si mal. Je ne m’attendais clairement pas à ce qu’il réagisse aussi bien. Je l’avais senti, il avait pas mal cogité entre le moment où je l’avais lâché et qu’il revint avec la boisson. Comme à mon habitude je frappais chirurgicalement, et les profils que je dressais étaient toujours aussi pointus même si c’était carrément celui de mon boss que j’avais fait, quitte à m’en prendre plein la figure après. Il avait pris du retard dans sa vie, moi aussi, mais moi j’avais l’éternité, lui il était humain, et à 40 ans on est supposé être établi professionnellement, bon lui c’était plutôt trop bien établi, et personnellement, là c’était le jour et la nuit, un énorme néant.

Le petit manège avec la goutte de bière me fit une sensation bizarre, j’espère juste que mes yeux n’ont pas limite changer de couleur… Je ne sais pas pourquoi je réagissais comme cela, peut-être parce que je n’avais pas eu ma ration, ou pas. Quoiqu’il en soit c’était mal venu, très. Il savait ce que j’étais mais ce n’était pas la peine de lui déballer la marchandise, si tôt dans une relation extra-professionnelle qui commençait en amitié. Il avait le sourire, et je pense qu’il bûchait encore sur mes paroles car il ne répondit rien, me demandant si j’avais réussi à lui couper le sifflet.

Wow, la situation change, ce n’est plus moi qui le fixe, mais lui, et quel regard ! Braise, feu ardent, glace impérieuse, Wow, je sens un gros frisson qui me parcourt l’échine, j’ai peur de ce qu’il est en train de préparer dans sa tête. Bon certes son sourire est rassurant, mais là… C’est très étrange comme changement de comportement. Il se comporte physiquement comme avec un suspect… Il fait exactement le même manège, il croise ses doigts et posent ses mains devant lui. Et là, le couperet il tombe et il tombe fort ! « Apprenez-moi à vivre… » La salive se retrouve à freiner sa course dans ma trachée, je force un peu. Je fais quoi moi maintenant… 20 ans à rattraper, il va en avoir des petits yeux !

- Vous apprendre à vivre ? Vous vous rendez compte que vous avez au minimum vingt ans à rattraper ?... *je souris doucement* Eh bien, ça va m’en faire du travail ! *clin d’œil* Finissons cette bière et j’espère que vous n’avez pas le vertige…

C’est mon sourire carnassier qui se dessine désormais, ah il voulait que je lui apprenne à vivre, on allait commencer par les sensations fortes !

Affronter ses peurs, malgré tout, quoiqu’il arrive. Cela c’était le genre de mentalité qui me plaisait chez un homme. Et il ne me laissait pas indifférent. Bien sûr, je n’avais pas le droit de penser à ce genre de choses. C’est mon supérieur. Bref, je le vois qu’il a un bon fond et qu’il répond positivement à mon humour un peu bizarre. Une renaissance, j’acquiesce en dégustant ma bière. Et le voilà qui refile aussi vite qu’il était venu et il revient avec deux magnifiques verres de cocktail.  Il était bien mieux sans sa veste. Mine de rien il s’entretenait le bougre, il était plutôt pas mal foutu… Oh ta gueule Alaya ! Je finis à peine ma bière qu’il faut que j’enchaîne avec un cocktail qui me fait énormément envie.

Je pose ma chope et je prends le cocktail et je trinque avec lui, il m’offre un magnifique clin d’œil, à quoi il joue ? il essaie de me draguer ?

Ca se voit qu’il s’interroge sur ce que je lui réserve, j’ai envie de dire, il n’a pas la moindre idée. Un petit vol de nuit, mais ça il ne le saura qu’au dernier moment. C’est ça le plus drôle. Ptetre un petit vol au-dessus de la Tamise, comme dans la belle époque. Où je courrais de toit en toit et je n’avais d’appétit que pour la liberté. La vie victorienne avait ses bons fonds.

Je reviens dans le présent et je fiche mes yeux dans ceux de mon interlocuteur. Il était curieux de savoir eh bien, il ne fallait pas que je lui dise ce que j’avais en tête car là j’allais être virée sur le champ. Mais bon ça faisait partie des risques à courir pour le faire renaître comme il le dit si bien. Et se lâcher dans le vide, au sens littéral du terme était le meilleur moyen pour dire adieu à une ancienne vie…

- Vous verrez commissaire!

- Une ballade ? D’accord !

Parfait, j’avais une occasion en or de lui faire le coup du vol ! La méthode que j’avais utilisée avec Alec pour le sortir de sa coquille n’était pas du tout prévue à la base, j’avais dû utiliser mes pouvoirs pour qu’il vive, et il était devenu un lycan et c’est une ballade à travers la campagne viennoise et les jardins de Schönbrunn qui l’avait métamorphosé. Aujourd’hui, c’était au tour de Théodore de subir un changement, mais j’espérais ne pas avoir à arriver au même point drastique, il était très bien en humain ! Nous voilà, sortant du bar à se promener main dans la main. D’ailleurs quand il a pris la mienne, j’ai failli avoir un malheureux mouvement de recul, que j’ai dû avoir malgré tout. Bref toujours main en main, nous marchons tranquillement, flânant dans l’air du soir. Il n’y a pas de mots, juste une ambiance particulière. Agréable, légère, je découvrais un homme radicalement différent que le collègue de bureau. Il était galant, poli, cultivé, il me rappelait un peu les nobles du palais que j’avais connu il y a tellement longtemps.

Nous sommes arrivés à un banc il m’invita à s’asseoir. Je me suis exécutée mais pas longtemps. J’ai laissé échapper quelques instants avant de me redresser et de le faire se relever mes mains dans les siennes. Je l’ai regardé dans les yeux.

- Pas de peur, juste la confiance, OK ?

A vitesse vampirique je l’ai pris sous les aisselles et j’ai décollé jusqu’à un toit non loin de là. Je n’osais pas le regarder. Oui je sais, j’ai commencé petit. Au départ je comptais survoler le pont sur lequel nous nous trouvions et longer la tamise à basse altitude. Mais je voulais savoir s’il allait trouver cela agréable. Bon évidemment je l’avais pris par surprise. Je l’avais lâché quand nos pieds ont touché le sol du toit et je suis allée le voir de face.

- Ceci… N’était qu’un échantillon….

L’impensable ! Il s’amusait, il appréciait. J’en connais un qui aurait été rouge de colère que je lui fasse un coup pareil à la belle époque. Mais attends, je lui ai fait ! Hahaha ! Je ne sais plus de combien d’oiseaux il m’avait nommé. Mais Theo était différent, il avait aimé. Il m’admirait, je n’en croyais pas mes oreilles. Je crois qu’à cet instant mes yeux affichaient une totale surprise. J’avais l’impression d’avoir en face de moi un enfant à Noël, sans déconner. Entre celui qui était coincé du cul quand on s’est croisé dans le parc et l’enfant que je voyais maintenant, la différence était sans équivoque.

J’avais vu la première réaction, celle de ses jambes qui ont tout bonnement lâchées sous le coup de l’émotion. Il s’était traîné jusqu’au petit muret, je le surveillais du coin de l’œil car de là-haut cela ferait une sacrée chute. Tout comme Richard à l’époque, il détestait être face à un mystère, et c’était son envie de démêler la vérité à propos de moi qui nous avait rapprochés. Théo prenait exactement le même chemin. Sauf que lui, je ne sais pas, je ressentais quelque chose de bizarre. Comme si on se connaissait depuis bien plus longtemps. Comme si cette scène avait déjà eu lieu, autrefois. Bizarre je vous dis, je me sens inlassablement attiré par cet homme comme je l’étais par Michael, mon premier amour.
Je me suis approchée de lui et je sentais mes joues chauffer. Il est vrai que je ne m’attendais pas à une telle exclamation de sa part. Je souris doucement.

-Je ne m’attendais pas à une telle réaction. Je suis ravie. En tout cas si ça vous tente on peut essayer plus long et plus haut…

Je n’avais pas fait gaffe à la distance très courte qui nous séparait, entre lui debout, et moi dans ses yeux bleus à tenter tant bien que mal de ne pas m’y noyer.